Commerce. Bruno, l'artisan de la récréation29 juillet 2009
Le Morlaisien Bruno Guézennec est l'un des
derniers artisans à fabriquer des jeux traditionnels en bois. Un
héritage familial transmis depuis 1935, dans l'atelier de la Tournerie
du viaduc. Kilhou bro leon, patigo, boultenn, birinig... Danses bretonnes? Traditions
culinaires locales? Rien de tout cela. Il s'agit de jeux traditionnels
en bois fabriqués par l'artisan tourneur Bruno Guézennec. Niché au
carrefour de la rue Villeneuve et de la voie d'Accès au port, son
atelier est un lieu rare. Plusieurs générations y ont déposé leur
sueur. L'aventure débute en 1935. Son grand-père, Auguste, ouvre alors
la Tournerie du viaduc, entreprise artisanale spécialisée dans la
menuiserie. Puis Bruno Guézennec prend la suite de son père, en 1986.
À 27ans et un diplôme de comptabilité en poche, le jeune homme décide de
reprendre le flambeau, ou plutôt les ciseaux (à bois, bien sûr!). «Nous
produisions essentiellement des pièces relativement classiques: pieds
de table, fuseaux, balustres, poteaux d'escaliers... À l'époque, seule
une infime partie de la production était dédiée aux boules bretonnes».
En 2000, le Morlaisien reçoit une commande peu banale. «Une association
locale m'a demandé de réaliser plusieurs jeux traditionnels bretons. Je
m'y suis essayé, avec succès. Aujourd'hui, j'en fabrique de plus de
plus». Le bouche-à-oreille fonctionne alors à plein régime, l'artisan
est sollicité par de nombreuses structures, dont la Confédération des
jeux et des sports traditionnels de Bretagne (Falsab). Cette dernière a
tissé, depuis le début des années 90, un vaste réseau de promotion des
jeux bretons dans les départements bretons.
Un gardien des traditions Jeux de quilles, boules bretonnes, palets sur planche..., ces jeux d'adresse
populaires offrent une plongée dans la culture bretonne. Ces pratiques
culturelles ont survécu au fil des siècles et irriguent encore la vie
quotidienne de milliers de passionnés. «Il existe une multitude de
variantes dans la conception des pièces, notamment en ce qui concerne
la taille des quilles. Quasiment chaque village possède ses propres
dimensions réglementaires!». Fournisseur officiel des boules plombées
dans le Nord-Finistère, Bruno Guézennec est l'un des gardiens de cette
identité culturelle.
Des commandes arrivent de toute la France Aujourd'hui, la construction de jeux en bois représente plus de la moitié de son
activité. «Par le biais d'Internet, je reçois des commandes provenant
de toute la France. J'expérimente des conceptions à partir d'une photo
ou d'un dessin», explique le passionné de poker. Si la diversification
de son activité, il y a quelques années, fut judicieuse, le choix de
ses clients ne l'en est pas moins. «Je n'ai jamais voulu produire de
grandes séries pour quelques gros acheteurs. C'est trop risqué si l'un
d'eux venait à me lâcher. Je préfère avoir une centaine de clients plus
modesteset plus fidèles», confie l'artisan.
La transmission de l'affaire ? Apparemment pas une mince affaire. «Personne ne
pourra ou ne voudra reprendre mon activité. Je ne peux même pas former
un jeune apprenti, car mes vieilles machines ne sont pas aux normes
de sécurité européennes», déplore Bruno. «Pourtant, depuis 70 ans
qu'elles fonctionnent, il n'y a jamais eu d'accident dans l'atelier».
Contact Bruno
Guézennec, artisan tourneur sur bois, 46, voie d'Accès au port.
Tél.-fax. 02.98.88.10.82. Internet: http://www.tournerieduviaduc.comMerci au Télégramme