Cela ressemble à un mauvais « remake » d'un film de Frank Capra tiré d'un polar d'Agatha Christie. Mais c'est une affaire très sérieuse qui pourrait remonter jusqu'à la Commission de Bruxelles, voire à la Cour de justice des Communautés. Alors qu'ils tenaient leur premier tournoi de poker dans les salons du Tapis rouge, à Paris, les organisateurs de France Poker Tour ont eu la surprise d'assister à une descente en règle de la brigade des courses et des jeux. Motif du raid musclé : la présence du logo du site de paris en ligne suédois Unibet, soupçonné de violation du monopole français sur les jeux d'argent.
« Ils ont saisi quelque 10.000 jetons, l'ensemble des affiches et tout le matériel estampillé Unibet », déplore le jeune président de la Fédération française des joueurs de poker, Antoine Dorin, qui avait déjà fait l'objet d'une garde à vue de quatre heures à la mi-mai. Même s'il n'y a pas eu d'arrestation, l'affaire n'est pas sans rappeler la garde à vue, très médiatisée, de deux dirigeants de l'entreprise autrichienne de paris en ligne Bwin, à La Turbie, près de Nice, le 15 septembre 2006. Inculpés pour violation de la loi sur l'organisation des loteries et jeux, ils furent libérés moyennant une caution de 300.000 euros chacun.
Au coeur du bras de fer entre la France et la Commission européenne qui a lancé une enquête sur les entraves à la fourniture de jeux d'argent en Autriche, en France et en Italie, le 12 octobre 2006 : la compatibilité des entraves à la libre prestation de services de paris sportifs avec la liberté de concurrence et d'établissement garantie par le droit communautaire. L'affaire est d'autant plus délicate que le commissaire européen en charge du Marché intérieur et des Services, Charlie McCreevy, semble avoir lui-même apporté son soutien à la firme suédoise Unibet, qui avait été exclue de tout sponsoring par les organisateurs du Tour de France en avril. « La cohérence de l'approche française est hautement contestable, sachant que d'autres équipes sponsorisées par les opérateurs de jeux en France, tels que la Française des Jeux ou le PMU, sont autorisées à participer », avait-il constaté.
« La situation ne doit pas être dramatisée. Notre pays n'est pas seul en cause : neuf autres Etats membres se sont vu adresser une mise en demeure par la Commission », estime le sénateur UMP François Trucy, auteur d'un très sérieux rapport parlementaire baptisé « L'Etat croupier, le Parlement croupion ». Mais pour le fondateur de la fédération des joueurs de poker, Antoine Dorin, il est dommage que les jeunes adeptes du jeu inventé au Mississipi, et importé en France avec les GI, en fassent aujourd'hui les frais. Rendez-vous le 27 juin, date à laquelle la Commission européenne statuera sur un éventuel avis motivé.
PIERRE DE GASQUET
source les echos .fr
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poker is good for me
Si tu choisis l'incinération, sache que ce sera ta dernière cuite, Tandis qu'enterré, tu auras toujours une chance d'avoir un petit ver dans le nez.