Si complexe et variée soit-elle, la stratégie du poker holdem est essentiellement construite autour de la clé de voûte que constitue le concept de position.
Par “position”, on entend la position du joueur par rapport au bouton qui symbolise le dealer.
Moins il y’a de joueurs entre vous et le bouton, plus vous êtes en fin de parole, ou position “tardive”.
A l’inverse, moins il y’a de joueurs entre le bouton et vous, plus vous êtes en début de parole, ou position “hâtive”.
On dira que vous avez l’avantage (de la position) sur un joueur lorsque vous êtes à sa gauche : vous parlez après lui.
A l’inverse, vous êtes “sous” la position d’un joueur lorsque vous êtes à sa droite : vous parlez avant lui.
Position = information
Le poker est un jeu d’information : vous devez en collecter un maximum sur vos adversaires, leur main et leurs attentes pour pouvoir prendre la décision la plus adaptée.
En ce sens, être en fin de parole est un avantage précieux : une bonne partie des joueurs (voire tous) ont parlé avant vous. Du coup, vous pouvez vous faire une idée de leur situation.
Un joueur qui check est un joueur dont on peut penser qu’il n’est pas servi : il essaie d’améliorer sa main à moindre frais, en essayant d’aller voir la prochaine carte en payant le minimum.
Un joueur qui relance est un joueur qui a une main faite, ou dont le potentiel lui permet d’attaquer dès maintenant, affichant clairement ses intentions. Il essaie peut être aussi d’impressionner ses adversaires pour voler le pot.
Un joueur qui call considère que sa main mérite qu’il paye, souvent parce qu’elle est intermédiaire et peut encore facilement s’améliorer.
Maintenant, imaginez que vous soyez en début de parole. Vous avez une main intermédiaire, comme J10.
Aller voir le flop vous tenterait bien : après tout, il est toujours possible de flopper un tirage quinte, voir un brelan intéressant qui vous donnerait l’avantage. Vous décidez de caller. Le problème est qu’il reste entre 5 à 9 joueurs derrière vous. Ce qui veut dire, entre 5 à 9 menaces de relances, de sur-relance, voire, de tapis, que vous ne pourrez sûrement pas vous permettre d’assumer. Vous seriez alors obligé de vous coucher, et d’abandonner votre mise.
Sachant l’embarras des joueurs en début de parole, les joueurs en fin de parole seront tentés de vous malmener, à plus forte raison s’ils ont un tempérament agressif : raison pour laquelle, au moment de prendre place à la table, vous préférerez dans la mesure du possible, vous asseoir à la gauche des joueurs agressifs et imprévisibles : de cette manière, ils ne peuvent exercer aucune pression sur vous sans risquer de se heurter à une main solide de votre part.
A l’inverse, vous préférerez avoir des joueurs prudents, passifs, attentistes à votre gauche : ces joueurs se laisseront impressionner par vos moves, et ne vous relanceront que très rarement.
De cette manière, vous faites face à la menace et gardez le contrôle, en minimisant les risques de votre côté gauche.
Adaptez votre jeu à votre position
Vous l’avez compris, chaque move que vous faites en début de parole est fait à l’aveuglette, vous ne savez rien de ce qui vous attend et n’avez aucun moyen de le savoir : vous parlez “in the dark”.
Le manque d’informations, et l’exposition dont vous souffrez vous met dans une position très délicate : vous ne savez jamais si ce que vous voulez faire est une bonne idée, et si vous n’allez pas vous prendre un coup de bâton derrière la nuque. Sachant cela, vous comprendrez aisément qu’il faille attendre d’avoir des mains SOLIDE pour parler en début de parole : au moins ces mains vous permettront-elles d’assumer une ou plusieurs relances.
Vous pouvez jouer des mains plus marginales en étant en fin de parole, puisque aucun joueur ne parle après vous (ou peu), et ne constitue une menace de relance - qui vous mettrait en situation délicate. Ceci étant, n’allez pas jouer n’importe quoi non plus quelles que soient les circonstances : si trop de joueurs relancent avant vous, il est plus sage de coucher votre main intermédiaire, même en fin de parole. Profitez-en pour regarder ce qui se passe, et en tirer des conclusions pour plus tard.
Parfois, lorsqu’à la turn vous n’êtes plus que deux ou trois, que vous parlez en premier ou en second lieu et que le premier a checké, un bet bien mesuré peut être un très bon moyen d’effrayer des adversaires qui n’auraient pas touché les cartes qu’ils espéraient en leur faisant croire que VOUS avez touché ce que vous vouliez… et ainsi, de voler le pot.
Vos adversaires vous suspecteront de bluffer … mais prendront-ils le risque de payer pour en avoir le coeur net ?
Celui qui a checké avant vous devrait folder, puisqu’il a déjà affiché sa faiblesse. Que le dernier paye ou non, cela dépend de son jeu et de son tempérament.
Il faut du temps et pas mal de tours de table pour apprendre à réellement bien tirer parti de la position et de l’avantage stratégique qu’il procure. Mais une chose est sûre : c’est la CLE de toutes les stratégies du poker, les joueurs qui n’en tiennent pas compte se font vite ratisser, et c’est bien fait pour eux.
article tiré de : http://www.pokerholdem.fr