Bridge ou dames la journée, poker le soir. De plus en plus fréquemment, de paisibles clubs se transforment en cercles de poker illicites, attirés par les gains d'argent facile.
En 2006 et 2007, la police a interpellé les responsables de deux clubs de bridge, l'un à Paris l'autre à Toulouse. Mais le plus souvent encore, ce sont les arrière-salles de café que les joueurs investissent, particulièrement dans la région parisienne et le sud de la France, de Marseille à Perpignan.
"On fait croire que c'est une partie entre amis, pour l'apéro, soupire Jean-Pierre Alezra, sous-directeur des courses et jeux à la direction centrale des renseignements généraux (RG). Résultat : le vrai cercle de jeu clandestin, le tripot, renaît."
Le jeu de hasard d'argent, interdit, peut être puni de trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende. Devant la déferlante qui a malgré tout balaye l'Hexagone, la police des jeux, quasi-monopole des RG, a rédigé plusieurs notes sur la "pokermania" à l'intention du ministère de l'intérieur afin de sensibiliser les pouvoirs publics sur le sujet. C'est elle qui a plaidé pour l'ouverture, en juillet 2007, de "poker rooms" dans les casinos en dur dans l'espoir d'endiguer le phénomène et mieux le contrôler. En vain.
Les tentatives de la police pour lutter contre la médiatisation du jeu, notamment en arrêtant des opérations de sponsoring, se sont heurtées au succès grandissant des émissions de télévision où les "people" tiennent les premiers rangs. "Cela a déclenché un phénomène de starisation des joueurs avec l'aspect vie facile, grands hôtels, et du coup, on en oublie l'aspect juridique", proteste M. Alezra. Par exemple le chanteur Patrick Bruel, grand promoteur du poker, décrit comme un "immense artiste" par Patrick Partouche, patron des casinos du même nom, n'est pas le plus populaire chez les RG.
Argent Liquide
Internet ayant décuplé la folie poker, les RG ont également créé dès 2006 un observatoire des jeux liés aux nouvelles technologies. C'est dans ce domaine, via des sites hébergés dans des pays comme Malte, Gibraltar ou Belize, que la police redoute de nouvelles sources de blanchiment d'argent. "Monter de tels sites suppose beaucoup d'investissements", note le commissaire Dominique Bertoncini, chef de cet observatoire. Mais Internet a surtout attiré une nouvelle clientèle, plus jeune - parfois même mineure -, plus féminine et moins fortunée, quelquefois victime d'escroquerie aux cartes bleues et de phénomènes d'addiction de plus en plus forts.
Pour la police des jeux, la pokermania a fait naître une nouvelle criminalité. Dans les cercles informels, des escrocs, attirés par les sommes d'argent liquide plus ou moins importantes qui y circulent, viennent plumer les jeunes joueurs les plus inexpérimentés et les plus accros, proies faciles. Selon les RG, les prêts illégaux se multiplient, avec des taux de remboursement qui peuvent atteindre 10 % par jour. "C'est une délinquance qui commence à être reconnue", souligne M. Alezra. "La dette de jeu est une pression forte", renchérit M. Bertoncini.
a suspension administrative du cercle de jeu Haussmann, à Paris, après les déboires du Cercle Concorde, qui pourrait ne pas rouvrir, manifeste la volonté des pouvoirs publics de resserrer les contrôles sur les vitrines les plus connues des cercles autorisés. Cela permet, aussi, d'envoyer des messages.
source : le Monde
auteur:Isabelle Mandraud
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poker is good for me
Si tu choisis l'incinération, sache que ce sera ta dernière cuite, Tandis qu'enterré, tu auras toujours une chance d'avoir un petit ver dans le nez.