Par Matthew Rochman
Je hais les adversaires qui relancent régulièrement aux blinds aux tables «cash games» en Hold'em limit. Je précise le type de jeu, le Limit, car ce qui suit ne s'applique pas aux tournois ou aux parties en pot/no limit.
Relancer aux blinds dans une partie de « limit cash game » est un coup très dangereux et ne devrait être utilisé que dans des situations où peu de joueurs sont présents. Voici mes raisons.
Cela encourage vos adversaires à jouer leurs tirages
Le premier problème majeur d'une relance aux blinds est que cela donne à vos adversaires plus de raisons de vous pourchasser. Disons que vous avez KK à la grosse blind et que quatre personnes vous ont suivi. Si vous ne relancez pas, il y aura cinq mises dans le pot.
Donc, lorsque vous misez au flop, vos adversaires auront une cote de 6 contre 1 pour suivre. Si l'un de vos adversaires avait une main comme A-9 contre votre paire de Rois et que le flop donne J-10-5, votre adversaire est perdant à 7 contre 1 environ. Ainsi, il sera dans une situation défavorable s'il suit votre mise au flop.
Si vous relancez depuis les blinds dans la même situation, il est peu probable que l'un de vos adversaires se couchera avec une autre mise avant le flop. Par conséquent, votre relance augmentera le pot à dix mises au lieu de cinq. Maintenant si vous misez au flop, votre adversaire avec A-9 a une cote de 11 contre 1 pour vous suivre sur le flop. Tout à coup, vous lui avez fait une proposition attractive en relançant à la blind.
Donc le premier gros problème d'une relance à la blind est que cela encourage vos adversaires à vous suivre sur le flop car le pot offre de bonnes cotes.
Aspect psychologique
Le second problème majeur d'une relance depuis la blind dans un pot à plusieurs joueurs est d'ordre psychologique. La plupart des gens qui ont « limpé » avant le flop veulent généralement voir le flop pour pas cher, autant que possible. Ils se sentent en général soulagés lorsque l'action atteint les blinds et que personne n'a relancé.
Donc, lorsque vous relancez des blinds, vous ruinez leurs espoirs de voir le flop pour pas cher. Du coup, quelques uns de vos adversaires peuvent devenir vindicatifs et essayer de vous faire tomber avec n'importe quel flop. Voulez-vous vraiment encourager quatre ou cinq adversaires à vous suivre jusqu'à la rivière lorsque vous avez QQ ou KK ou même AA?
De plus, si vous ne relancez pas aux blinds, vos adversaires auront d'autant plus tendance à respecter votre mise au flop. Si vous avez QQ et que le flop donne J-8-7, vous serez amené à miser d'une position avancée dans un flop non relancé. Cela paraîtra dangereux pour plusieurs adversaires. Espérons que les adversaires qui ont un tirage se coucheront au flop ou au tournant. Cependant, si vous relancez aux blinds avant le flop, ils peuvent ne pas vous montrer autant de respect et vous faire tomber.
Laissez moi vous démontrer ceci sous forme de pourcentages. Si vous avez QQ et vos quatre adversaires ont quant à eux A9, K10, 66 et J9, vous avez 35% de chance de gagner le pot sur un flop J-7-8. Si vous forcez le A9 et le 66 à se coucher au flop, vous aurez 51% de chance de gagner le pot. Après une relance avant le flop, vous pourriez rendre ces joueurs de mauvaise humeur et ils essaieront de vous ruiner, vous serez donc face à de « vraies cotes » contre votre main.
Problèmes de position
La troisième et la plus évidente des raisons pour laquelle vous ne devez pas relancer aux blinds est celle-ci : vous êtes hors de position sur tous les tours de mise suivants. A cause de cela, les gens peuvent devenir rusés en faisant des relances fantaisistes et en tirant des cartes gratuites au tournant.
Considérez aussi ceci : vous avez KK et vous relancez à la grosse blind. Le flop arrive : A♣-7♣-10♦. Vous misez et un adversaire vous suit. Votre adversaire a-t-il un As ou un tirage couleur ? Vous n'en avez aucune idée ! Sans tenir compte de ce qu'il a, il vous est très difficile de miser hors de position au tournant. Si le tournant est une poubelle, il y a des chances que vous fassiez parole. Si votre adversaire a le tirage couleur ou une paire intermédiaire, vous venez juste de lui donner une carte gratuite. De plus, vous lui avez donné une opportunité de vous semi-bluffer (bluffer avec un « out »). Et s'il semi-bluffe au tournant, il y a des chances qu'il continue à bluffer pour essayer d'acheter le pot. Dans quel état vous sentirez-vous si vous devez suivre des mises au tournant et à la rivière avec KK lorsqu'il y a un As sur le tableau ?
Dans la situation ci-dessus, je ne relancerai pas à la blind. Si ce flop venait, je miserai. Si quelqu'un me suit, je "call" au tournant. Si je joue ma main de cette façon, mon adversaire pense généralement que j'ai un As avec un faible "kicker". De cette façon, mon adversaire pensera en général que je suivrai au tournant et à la rivière s'il mise. Cela réduit donc la chance qu'il bluffe s'il mise au tournant.
Cela ne me coûtera en conséquence deux petite mises (une avant le flop et une après le flop) pour déterminer si ma main a une chance raisonnable de gagner. Si vous relancez à la blind avant le flop, vous avez fait deux petites mises plus une petite mise au flop soit 3 petites mises. Et après avoir dépensé trois petites mises, vous n'avez toujours pas d'information utile sur la main de votre adversaire à la « fourth street ».
Vous donnez votre main
A la lumière de ce qui précède, je soutiens que relancer à la blind donne votre main de façon prématurée. De cette façon, vous êtes hors de position et tous ont une petite idée de la force de votre main. Ce n'est pas une super position à une table de poker, vous en conviendrez.
Quand devriez-vous relancer aux blinds ?
Mon conseil ? Le voici : relancer aux blinds lorsque vous êtes extrêmement peu nombreux dans la partie. Si vous êtes en face à face avant le flop, relancer à la grosse blind avec une forte main, y compris A-J assortis et A-Q. Lorsqu'il y a plus de trois joueurs dans le pot, je préfère faire parole ou suivre aux blinds et miser sur le flop.
L'autre situation qui commande de relancer aux blinds est celle où deux joueurs ont suivi et un troisième a relancé en position tardive. Dans ce cas, je sur-relancerais et j'essaierais de pousser un ou deux suiveurs hors du pot. S'ils suivent tous les deux votre sur-relance avant le flop, tendez une embuscade au relanceur en position tardive lorsqu'ils misent sur le flop. De plus, s'il y a plus de deux suiveurs entre vous et le relanceur en position tardive, je préfère suivre avant le flop et ensuite tendre une embuscade au relanceur en position tardive sur le flop. C'est un moyen très efficace de réduire le champ sur le flop.
La veleur de la tromperie
L'un des plus grands avantages de suivre aux blinds avec une grosse main est la valeur de tromperie. Personne ne sait ce que vous avez. Ils assument généralement que vous avez une main poubelle typique des joueurs aux blinds. Je me souviens d'un très gros pot que j'ai gagné avec A-A. Cinq adversaires ont suivi avant le flop et je n'ai pas relancé la grosse blind. Le flop a donné A-2-9. J'ai misé le flop et deux joueurs ont suivi. Le turn : un 2. J'ai misé, un adversaire a relancé, j'ai sur-relancé, il a sur-relancé, j'ai sur-relancé et il a suivi.
Lorsqu'il a suivi ma mise sur la rivière, il a demandé : « Qu'as-tu avec ton 2 ? ». Il était étonné lorsque j'ai retourné mes cartes et a demandé : « Pourquoi n'as-tu pas relancé avant le flop ? ». Il avait une paire de 2 sur le flop et lorsqu'il a eu son brelan au turn, il était absolument certain que je n'avais pas un full aux As. A cause de cela, il m'a donné beaucoup de répondant. Si j'avais relancé à la blind avant le flop et si je l'avais ensuite sur-relancé au tournant, il aurait probablement réalisé ou suspecté que j'avais A-A. Il aurait donc mis les freins.
Avantages secondaires
Il existe deux avantages secondaires de ne pas relancer aux blinds avec une grosse main.
Vos adversaires observateurs auront l'impression que vous ne relancez pas toujours avant le flop avec deux grosses cartes. Et si vous vous glissez dans un pot plus tard avec l'un de ces adversaires observateurs, ils peuvent très bien suspecter que vous y êtes allés avec une grosse main et vous donner des cartes gratuites sur le flop et/ou le tournant. L'image que vous donnerez à la table sera particulièrement utile lorsque vous rentrez dans le jeu avec une main composée de petites cartes connectées.
Le second avantage secondaire est que vous pouvez forcer un joueur avec la meilleure main à se coucher. Par exemple, si je suis dans le pot avec 10-9 d'une position centrale et que le flop donne J-10-6, je pourrai relancer quiconque mise sur le flop. Quelques joueurs peuvent encore suspecter que vous avez « limpé » avec une grosse main avant le flop et coucher des mains comme A-10. Bien qu'il s'agisse de bénéfices secondaires, ils ne fonctionneront pas si vos adversaires ne sont pas très observateurs ou n'agissent pas selon leurs lectures.